Le 05 mars dernier à Ouagadougou au Burkina Faso, prenait fin la 25ème édition du Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou. La récompense suprême de cette grande messe du cinéma africain est l’étalon d’or de Yennenga. Ce trophée est matérialisé par une guerrière, lance à la main, juchée sur un cheval cabré. Il fait référence à une princesse porteuse du mythe fondateur du peuple Mossi, principale groupe ethnique du Burkina Faso.
Bien avant la naissance de l’empire Mossi, il y a très longtemps, un royaume appelé Dagomba, situé dans le nord du Ghana actuel et dont la capitale était Gambaga. Le Roi Nédega, régnait sur le Dagomba, royaume fort et prospère. Et pour cela, il subissait sans cesse des attaques des peuples voisins, principalement des guerriers Malinkés qui étaient plus au sud.
Le roi n’avait pas de garçon pour assurer sa descendance, mais avait une fille qu’il adorait et avait élevé comme un garçon. Elle était née sous le nom de Poko et avait grandi aux contacts des guerriers de son père et était devenue une guerrière surnommée Yennenga (la mince). Yennenga, une amazone extraordinaire, était à la tête de la cavalerie qui défendait et conquérait des territoires.
Elle vivait comme un guerrier, comme un fils de chef, montait à cheval alors que cela était interdit aux filles.
N’ayant pas de fils et éperdument fier de la princesse Yennenga qui lui était si précieuse, le roi retardait le moment de la marier. La princesse se sentant vieillir et aspirant à se marier, alla demander conseil à la reine-mère Napoko, sa mère. Celle-ci, lui conseilla, pour attirer l’attention du roi, de semer un champ de gombo qu’elle devra laisser mûrir et pourrir sans le cueillir. Le roi intrigué et indigné par l’état du champ de gombo demanda la raison. La princesse lui répondit : « Mon père, vous me laissez dépérir comme dépérit ce champ de gombo, si un fruit mur n’est pas enlevé, il durcit où il pourrit sur l’arbre ». Malgré cela, le roi ne se pressa pas pour accéder au souhait de sa fille.
A ce moment de l’histoire, les avis divergent…
Certains historiens disent que sa disparition serait plutôt due à une offensive en pays Boussancé (de nos jours plus connu sous le nom de bissa, peuple d’Afrique de l’Ouest), la monture de Yennenga se serait emballée, avant de s’égarer dans une forêt.d’autres soutiennent qu’elle se serait enfuit sur son cheval en revêtant des vêtements d’homme.
Toujours est-il qu’après avoir longtemps chevauché, la princesse se retrouva au cœur d’une vaste clairière où son cheval épuisé finit par s’arrêter.
Elle et tomba sur une case construite au milieu de la clairière. Attiré par les hennissements du cheval, un jeune homme en sortit, calma la bête et aida Yennenga à mettre pied à terre. Il lui proposa ensuite de se reposer dans sa case pensant qu’il avait affaire à un voyageur égaré. Le jeune homme était un chasseur d’éléphants du nom de Rialé. Il raconta à Yennenga qu’il était le fils d’un souverain Malinké. Évincé de la succession par un de ses frères, Rialé s’était retiré loin des siens dans cette forêt.
Finalement, la princesse fut séduite par le charme de son hôte, et finit par lui dévoiler sa véritable identité et lui raconta son aventure. De cette rencontre est née une union. Elle eut un fils qu’ils baptisèrent Ouedraogo c’est-à-dire « cheval fougueux » en souvenir de la monture qui l’avait conduite vers Rialé.
Mais Yennenga était nostalgique du Royaume et de son père, elle pressa Rialé de l’accompagner dans le royaume Dagomba avec leur fils, pour qu’elle puisse présenter ses excuses à son père et lui présenter sa nouvelle famille. Le roi, fût très heureux de revoir sa fille, la princesse Yennenga, et accepta Rialé comme gendre. Quand la princesse et Rialé demandèrent à partir du royaume pour fonder leur propre village, le roi leur fit des dons de bœufs, de moutons, de chèvres, de fournitures diverses et quelques serviteurs en plus de leur confier environ trois cent sujets avec lesquels ils iront s’installer vers le sud du Burkina Faso actuel pour y créer le premier royaume Mossi.
Aujourd’hui Yennenga et sa légende restent très présentes dans le Burkina Faso actuel, notamment à travers la distinction de la meilleur œuvre cinématographique au FESPACO.
Oumarou Ganda du Niger est le premier lauréat de l’étalon de Yennenga en 1972 avec son film ‘’Le Wazzou polygame’’. Et le 4 mars dernier, le sénégalais Alain a remporté pour la deuxième fois le fameux trophée avec son film ‘’Félicité’’.