Chaque 19 novembre, le monde célèbre la journée internationale de l’homme. Lancée en 1999, elle est célébrée dans 60 pays. On penserait sûrement que c’est une pâle copie de la journée de la femme célébrée le 8 mars. Mais selon son initiateur, le professeur et historien Jerome Teelucksingh, il s’agit de mettre en avant les problèmes spécifiques à la gent masculine…Alors messieurs, à vous la parole !

L’homme à l’origine de cette journée entend réinventer les relations entre les sexes dans un souci d’égalité en proposant un modère de masculinité ‘’positif’’. Pour le moment, la journée suscite peu d’engouement mais il faudra certainement du temps pour qu’elle rentre dans les habitudes et aussi pour que les hommes sachent qu’une journée leur est aussi dédiée.

J’ai voulu donner la parole aux hommes pour qu’ils racontent un peu ce qu’ils vivent au quotidien et les difficultés qu’ils rencontrent en famille, dans leur foyer et également au travail. La plupart des réactions étaient : Ah bon ? Une telle journée existe ? Enfin, on pense à nous ! etc. mais aucune réponse à mes questions.

Ils ont tellement été habitués à intérioriser leurs difficultés qu’ils ont de la peine à en parler même quand on leur donne la parole. Pourtant, le ‘’sexe fort’’ a également ses faiblesses. Ils ont plusieurs casquettes, chacune avec son lot de défis. Seulement deux hommes ont bien voulu se prêter au jeu.

Enfin, on pense à nous !

Le mari

Pour Éric BONIN, coach scolaire, l’homme a plusieurs casquettes qu’il ne doit pas refuser ni s’en plaindre. On nous a toujours fait comprendre que l’homme doit s’occuper de sa femme, peu importe les moyens dont il dispose. Mais la vie est faite de hauts et de bas même pour les plus courageux. « En cas de coups durs, si l’épouse n’est pas mature ou a un mauvais caractère, l’homme se retrouve seul avec ses peurs et ses soucis. Il aura fallu du temps pour comprendre certaines choses mais pas question de retourner à la vie de célibataire. »

Le père, le chef de famille

En tant que père, il doit veiller à l’éducation de ses enfants tout en étant en accord avec son épouse. Pour le coach, beaucoup d’hommes se retrouvent dans des positions délicates où leur autorité est parfois ignorée. « Un père s’est retrouvé dans une situation difficile. Son fils cadet a échoué à l’examen mais lui et sa mère ne l’ont pas accepté et ont entamé des réclamations. Le père tentait de faire comprendre à son fils qu’il devait reprendre les cours le temps d’y voir plus clair. Il a dû prendre la décision de l’inscrire quelques jours après la rentrée. Ce père a eu peur pour son fils mais aussi pour son autorité car c’était lui ‘’contre’’ sa femme ».

Pour un anonyme, « l’homme a perdu de son autorité dans la société moderne et est seulement réduit à un guichet automatique. »

Des enfants embrassant leur père

Il ne suffit pas seulement d’apporter du pain sur la table mais de prendre les bonnes décisions au bon moment. Aucune œuvre humaine n’était parfaite, l’homme a aussi droit à l’erreur même si parfois « les femmes font trop d’atalaku sur les capacités de leur mari. Tellement que je suis stressé à chaque visite dans l’école de mes enfants. Le coach n’est pas dissocié du père et c’est parfois lourd à porter. »

Le chef d’entreprise, l’employé

Les pressions de ce côté sont énormes. Quand tous les problèmes se donnent rendez-vous, factures, frais de scolarité, ordonnances, loyer, etc. les tentations pour se tourner vers la facilité sont nombreuses. « Mais les enfants vous rappellent que c’est vous le papa…Personne d’autre ne sait ce qu’un homme ressent à ce moment-là », confie Eric Bonin. Souvent en contact avec les élèves, il fait face à une autre forme de pression : les jeunes élèves qui lui font une cour assidue, ce qui peut créer des tensions dans son couple.

Pour Edem, consultant en communication, son combat quotidien est d’« être efficace et efficient dans tout ce que je fais. Je suis parfois déçu de ne pas pouvoir y arriver ».

Les préjugés

Aucune école ne donne de certification pour devenir un homme idéal en ce siècle

Eric BONIN

Ah, les hommes ! Selon les dires, ils sont capables de bien des prouesses. Tels des super héros, ils doivent être viriles, fertiles, forts, courageux, généreux et imposer le respect. Ils en parlent peu ou presque jamais mais ils ont parfois envie de lâcher prise, de pleurer, de rester seuls ou juste de rigoler avec des potes devant une bonne bière sans recevoir des appels incessants de leurs femmes qui s’impatientent à la maison.

Eric pense que le petit garçon grandit avec toutes ces idées reçues en tête et se retrouve, à l’âge adulte, face à une société de femmes ‘’émancipées’’. Il tente de s’adapter mais « s’il laisse faire sa femme, il est un sous-homme ; s’il refuse, c’est un bourreau. Du coup, il est perdu. »

À cette époque où les femmes se battent de plus en plus pour réclamer et faire respecter leur droit, Edem croit que « les mouvements féministes ont leur raison d’être mais beaucoup diabolisent les hommes comme si le combat était contre eux. Mais en tant qu’homme, tout dépend de la relation qu’on a avec les femmes de notre entourage. Le féminisme ne peut pas régir cette relation mais cela peut compliquer la tâche aux hommes car les exigences ne sont plus les mêmes.  Il faut, par exemple, faire attention aux compliments qu’on fait aux collègues femmes pour ne pas que cela soit apparenté à du harcèlement. »

Comme le conclut si bien Eric Bonin, « aucune école ne donne de certification pour devenir un homme idéal en ce siècle ».