Le saviez-vous ? Chaque 25 juin, est célébrée la journée internationale des gens de mer. Cette date a été choisie par l’Organisation Maritime Internationale (OMI), à la conférence de Manille en juin 2010, afin de rehausser l’image des Gens de Mer mais également d’attirer l’attention du monde entier sur les problèmes sociaux que connait cette catégorie de travailleurs.

Au Togo, cette journée est célébrée pour la première fois à l’initiative du Ministère des infrastructures et des transports à travers la Direction des affaires maritimes (DAM) sous le thème « Le bien-être des gens de mer et la place des femmes dans le transport maritime ». Pour marquer la célébration, une rencontre d’échanges entre les professionnels et acteurs du secteur maritime et portuaire a eu lieu à l’hôtel Sancta Maria à Lomé.

J’ai eu l’occasion de prendre part à ces échanges et j’ai pu en savoir beaucoup sur ce métier peu connu sous nos cieux. Alors, je vous embarque pour la découverte.

Photo de famille des participants

Crédit photo: Eleonore Kodjovi

Le bien-être des gens de mer

« Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer »

ARISTOTE

Sont gens de mer, toutes personnes exerçant à bord d’un navire une activité professionnelle à quelque titre que ce soit. La différence avec le marin est que ce dernier exerce une activité directement liée à l’exploitation du navire.

Bien que cette activité soit assez particulière, l’Organisation Internationale du Travail a prévu des textes pour réglementer le secteur et protéger les gens de mer. A cet effet, comme tout travailleur, ils ont droit à des congés, une assurance maladie, une couverture sociale et une retraite. Malheureusement, toutes ces conditions ne sont pas réunies pour leur épanouissement. Selon Monsieur Kokou AKPOSSI, Secrétaire général du Syndicat des travailleurs des compagnies de navigation maritime, aérienne et de transit du Togo (STRANAVITTO), les marins togolais rencontrent beaucoup de difficultés liées notamment au rapatriement, aux indemnisations en cas d’accident, aux pensions de retraite, etc. Il se réjouit de cette première célébration par le Togo et espère que leurs inquiétudes seront prises en compte par les autorités compétentes.

Ce cadre d’échange représente justement une première étape dans la stratégie d’amélioration des conditions de travail et de bien-être des gens de mer. Pour le Directeur des affaires maritimes, Monsieur Hubert BAKAI, les gens de mer jouent un rôle central dans le dispositif du commerce international par voie maritime et dans l’exploitation des ressources maritimes. A ce titre, il est important d’améliorer la qualité de vie en mer et de mettre à disposition des installations pratiques à bord des navires.

Ces conditions de travail déplorables ont une incidence sur la santé mentale de ces personnes et favorisent le stress et la dépression voire le suicide. Selon un médecin des gens de mer, la nature du métier laisse planer le doute sur les causes réelles des décès car il est difficile de déterminer, quand un homme tombe à la mer, si cela est accidentel ou intentionnel. Certains deviennent addicts aux substances stimulantes.

Il parait évident que les préoccupations du personnel à bord des navires doivent être prises en comptes et trouver des solutions avec la participation de tous les acteurs, de la Direction des affaires maritimes en passant par les armateurs et propriétaires de navire et les agences de placement des marins.

Les jeunes togolais s’intéressent très peu à ce domaine et encore moins les femmes qui y sont quasiment absentes.

Marins présents à la rencontre

Crédit photo: Eleonore Kodjovi

Place des femmes dans le domaine maritime et portuaire

Les femmes sont encore très peu présentes dans le domaine maritime et portuaire. Au Port Autonome de Lomé, par exemple, elles représentent seulement 7,97% des employés dont la plupart se trouve à des postes d’exécution et non de décision. A la marine marchande, elles ne sont que 3 maîtres du port.

Parmi les marins présents à cette rencontre, il n’y avait qu’une seule femme. La preuve que la gente féminine est sous-représentée dans ce secteur.

Elle s’appelle Charlotte BILIKE et elle est matelot pont. Autrement dit, elle exerce au pont du navire des fonctions d’appui telles que la participation à l’accostage, au mouillage et autres opérations d’amarrage, contribution à la sécurité de l’exploitation de l’équipement et des auxiliaires de pont, etc. Arrivée à ce métier par curiosité, elle exerce depuis quelques mois sur des navires et cela est devenu une passion. Malgré les difficultés et les remarques désobligeantes de certains de ses collègues sur son aptitude à faire ce métier ’’d’homme’’, elle se donne la force et le courage de poursuivre son rêve. Sa famille l’y encourage vivement, d’autant plus qu’elle y est la première à se lancer dans le domaine maritime.

Se familiariser avec la mer, tel était son but. Aujourd’hui, elle envisage et espère décrocher un contrat pour pourvoir embarquer à bord d’un navire. Quand on lui demande si elle ne craint pas que ce métier l’empêche de fonder une famille, elle répond tout simplement « il suffit de trouver une partenaire qui la comprenne et partage les mêmes ambitions ».

BILIKE Charlotte, matelot-pont

Crédit photo: Eleonore Kodjovi

Je rappelle que cette rencontre a été initiée par la Direction des affaires maritimes pour écouter les préoccupations des acteurs du domaine maritime et portuaire. Au terme des travaux, des recommandations seront émises afin de mettre en place des textes pour mieux réglementer le secteur.

En mai dernier, la DAM, les Journées portes ouvertes sur les métiers de la mer pour permettre aux apprenants de s’orienter vers une carrière dans le secteur maritime et portuaire car les togolais s’y intéressent très peu.

Sous tutelle du ministère des infrastructures et des transports, la Direction des affaires maritimes est l’autorité compétente chargée, entre autres, administration des navires, engins flottants, îles artificielles, ouvrages de mer et de lagunes, épaves et hypothèques maritimes ; participation à l’application de la réglementation du travail maritime ; etc. A ce titre, elle est chargée de l’identification, de l’enregistrement et de l’administration des gens de mer au Togo.