Dans les sociétés traditionnelles africaines, la femme a longtemps été reléguée au second plan et était exclue des instances de prises de décisions que ce soit au plan familial ou local. Majoritairement patriarcale, la société africaine a toujours considéré la femme comme n’ayant pas sa place ni son mot à dire. Son domaine de compétence relève de la procréation, l’éducation des enfants et la gestion du foyer.

Ces rôles qui lui sont attribués ne sont cependant pas à négliger car ils représentent une responsabilité sociale considérable.

Cette étiquette de la femme au foyer est apparue avec la colonisation à en croire l’histoire des nombreuses reines guerrières qui ont mené de grandes batailles sur le continent.  

Aujourd’hui, à l’ère de l’émergence de différents mouvements féministes en Afrique et dans le monde, une opportunité leur est donnée de faire entendre leur voix et de démontrer qu’elles sont capables de rivaliser d’ardeur autant que les hommes pour mériter les places qui leurs ont longtemps été refusées. Les projecteurs sont braqués sur des sujets autrefois ignorés et bâclés en raison du silence des victimes notamment sur les violences faites aux femmes, l’inégalité dans le travail et l’accès à l’éducation. Les motivations et aspirations de ces femmes permettent de rétablir l’image de la femme africaine et de démentir les stéréotypes.  

En attendant que son rôle et sa participation à l’émergence d’un monde meilleur ne soient reconnues, la femme africaine compte jouer sa partition pour l’atteinte des objectifs de développement durable à travers différents secteurs : commerce, agriculture, entrepreneuriat, sciences et technologies, santé, etc.

Beaucoup présentes dans le secteur informel, les femmes africaines continuent de participer à la vie du foyer avec parfois des petites activités génératrices de revenus. Évoluant pour la plupart dans le commerce de marchandises, elles détiennent des secrets qui sont transmis de génération en génération pour perpétuer les traditions commerciales dans certaines familles. C’est notamment le cas des Nana Benz du Togo dont certains descendants ont repris les rênes des échoppes en les gérant avec une touche de modernité.

Selon un rapport de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les cultures comme le riz, le blé et le maïs, qui représentent environ 90% de la nourriture consommée par les habitants des zones rurales, sont essentiellement faites par les femmes qui plantent les graines, s’occupent du désherbage, cultivent et récoltent les produits agricoles et en vendent les excédents. Pour fédérer leurs actions, ces femmes du monde agricole s’organisent de plus en plus en groupement pour bénéficier de formations qui leur permettent de mettre à jour leurs connaissances sur les nouvelles techniques d’agriculture et faire face aux changements climatiques. A travers le développement de programmes de financement inclusif par les Etats, elles bénéficient de crédit bancaire à faible taux d’intérêt pour améliorer leurs activités et les conditions de vie.

Avec les exemples susmentionnés, il est évident que les femmes africaines ont l’entrepreneuriat dans le sang. Ce talent, elles le mettent à profit à travers la création de jeunes entreprises et start-up prometteuses partout sur le continent et au-delà. Une niche de talents qui éclosent petit à petit et démontrent son savoir-faire dans différents domaines : santé, alimentation, commerce, technologies, communication, etc. On pourrait citer la béninoise Véna Arielle Ahouansou qui a mis au point l’application KEA Medicals qui permet d’accéder aux données médicales des patients. Elle allie ainsi sa fonction de médecin à celle d’entrepreneure dans les technologies pour améliorer la santé des populations. Dans un tout autre registre, la camerounaise Kate Kanyi-Tometi Fotso a su se faire une place dans un univers très masculin. Avec son entreprise Telcar Cocoa LTD, elle contrôle plus de 30% de l’exportation du cacao camerounais, et fait partie des 10 femmes les plus puissantes du continent selon le magazine Forbes.

Les femmes africaines font déjà bouger les lignes pour le changement et un monde meilleur. Les chantiers sont nombreux et elles parviendront à les réaliser grâce à l’éducation de qualité à laquelle elles ont de plus en plus accès.