La scène commence par une image en noir et blanc – Un homme assis sur une chaise au fond d’un couloir, lit un journal. Dans une chambre, vêtue d’une nuisette, une femme est assise à même le sol. L’image est maintenant en couleur : une femme avec une robe en tissu batik jaune, les doigts entrecroisés, commence à raconter une histoire.
Elle, c’est Fafa. Une jeune femme qui s’est mariée un peu trop tôt selon ses parents, qui estimaient qu’elle ne connaissait pas assez Serge, l’homme avec qui elle voulait passer le restant de ces jours. Malgré qu’elle soit sans emploi, elle vit le bonheur dans son foyer. Ce bonheur laisse peu à peu place à la violence qui s’installe dans son foyer. Une petite gifle se transforme progressivement en coups de la part de Serge, qui a du mal à se contenir. Il en vient à accuser Fafa d’infidélité avec son frère qui vit sous le même toit que le couple. Ils sont, tous les deux, copieusement battus. La violence devenue son quotidien, elle arrive à avoir un moment de répit quand elle contracte sa première grossesse. Mais le bâton reprend très vite ses droits dans une atmosphère où Fafa devient la cible principale des coups de son mari.
Va t-elle rester dans ce foyer ? Serge cessera t-il de la violenter ? Jusqu’à quand subira t-elle ces coups ?
L’histoire de Fafa est celles de beaucoup de femmes qui subissent chaque jour des coups d’hommes violents et hésitent à en parler.
C’est ce silence qu’a voulu briser le réalisateur Edoh Yannick N’tifafa, à travers le film “Je suis”, projeté le 27 novembre dernier à l’Institut Français du Togo dans le cadre des 16 jours d’activismes contre les violences faites aux femmes. Inspiré d’une histoire vraie, le film retrace en 13 minutes le calvaire de Fafa dans son foyer.
Pour le réalisateur, il est temps de délier les langues et briser le tabou sur ce phénomène qui est aussi présent sous nos cieux.
Entre empathie et colère, ce film met en avant un phénomène qui fait de plus en plus de victimes à travers le monde. Le public a réagi et a exprimé son émotion face au récit de la vie de Fafa qui est une victime parmi tant d’autres.
La prochaine projection aura lieu le 07 décembre prochain à la bibliothèque Akplanou sise à Nyékonakpoè.
